Un présumé trafiquant opérant dans le commerce illégal de l’ivoire a été interpellé, le vendredi 19 novembre 2021 dans la commune de Treichville au moment où il s’apprêtait à écouler la marchandise dans les encablures d’une bijouterie lui appartenant. Le présumé trafiquant a été interpellé en possession de deux pointes d’ivoire. L’arrestation a été possible grâce à la collaboration des éléments de l’Unité de lutte contre la Criminalité Transnationale Organisée (UCT) et du Ministère des Eaux et Forêts (MINEF), avec l’assistance technique du projet EAGLE Côte d’Ivoire.
Un bijoutier a été arrêté en flagrant délit de vente de 2 défenses d’éléphant sculptées le vendredi 19 novembre 2021 dans la commune de Treichville. L’assaut a été mené dans la matinée du vendredi par les éléments de l’UCT et du MINEF avec l’assistance technique d’EAGLE Côte d’ Ivoire au moment où il s’apprêtait à écouler la marchandise. Il a été pris en flagrant délit de possession de deux pointes d’ivoire qu’il tentait de vendre non loin de la paroisse Notre Dame de Treichville, où il possède une bijouterie.
Des perquisitions dans sa bijouterie vielle de plus de 20 ans ont permis de saisir, 1 queue d’éléphant, 17 bracelets en acier incrustés de poils d’éléphant, 8 bagues en poils d’éléphant, une dent de léopard, 9 petits objets sculptés en ivoires et 12 tiges tissées en poils d’éléphant prêts à être utilisées sur des bijoux.
L’interpellé vend au moins depuis les années 99 des bracelets en poils de pachydermes. La queue d’éléphant et les 12 tiges tissées en poils d’éléphant saisies proviendraient du Cameroun. La population de pachydermes étant faible en Côte d’Ivoire, les produits issus de ces derniers proviennent essentiellement de l’Afrique Centrale.
Après l’arrestation, le présumé trafiquant a été conduit au siège de l’UCT à Abidjan où il été auditionné, puis déféré le mardi 23 novembre 2021 au parquet près le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau. L’affaire a été mise en procédure de flagrant délit et le suspect a été placé sous mandat de dépôt.
S’il est reconnu coupable, des faits qui pèsent sur lui, à savoir : détention et commercialisation de produits issus de la faune, il risque une peine de réclusion comprise entre deux et douze mois assortis d’une amende allant de 3000 francs CFA à 300.000 francs CFA. Une peine peu dissuasive pour les trafiquants au regard de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent la population d’éléphants.
Pour rappel, la loi faunique ivoirienne est loin d’être dissuasive alors que la situation des espèces protégées est de plus en plus alarmante, notamment celle des éléphants, tués principalement pour leurs ivoires. Le commerce international de l’ivoire est déclaré illégal depuis 1989, mais les populations d’éléphants d’Afrique continuent de décroître. Chaque année, 20 000 à 30 000 éléphants sont tués pour leurs ivoires, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF) ; équivalent entre 50 à 80 individus par jour.
L’espèce ne compte plus que 415 000 pachydermes en Afrique, contre 3 à 5 millions au début du siècle dernier. En Côte d’Ivoire, les éléphants, emblèmes du pays, sont en voie d’extinction: leur nombre a baissé de moitié en trente ans. Ce sont plus de 1139 qui ont été dénombrés dans 26 habitats selon les rapports réalisés entre 1987 et 2000. Aujourd’hui le nombre d’individu ne dépasse guère les 300 selon un rapport de l’Union International pour la Conservation de la Nature publié en 2016.
Deux grands facteurs sont considérés comme étant la cause de cette baisse drastique de l’effectif des éléphants : d’une part, l’accroissement du trafic illégal d’animaux lié à la forte demande internationale de l’ivoire et d’autre part, l’exploitation abusive des ressources naturelles nécessaires aux éléphants du fait de l’agriculture industrielle et des occupations anarchiques de leur habitat.
Le commerce illégal de défenses d’éléphant est malheureusement en constante augmentation et pèse 3 milliards de dollars (soit près de 2000 milliards de franc CFA) par an avec pour principal marché l’Asie du Sud Est, avec notamment la Chine et le Vietnam comme principaux acheteurs.
L’ivoire n’est pas la seule partie des éléphants qui intéresse les trafiquants. Le poil d’éléphant est en effet une matière première recherchée par certains bijoutiers qui en font des bracelets pouvant se vendre chers.
Les poils d'éléphants sont arrachés des queues des pachydermes tués, puis traités pour être utilisés en bijouterie. Issus des éléphants comme l’ivoire, le commerce de ces poils nourrit le trafic et contribue à l’extinction des dernières populations sauvages du continent.
cp