En novembre 2023, le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) publiait un communiqué présentant la récurrence des conflits intercommunautaires en Côte d’Ivoire. Le CNDH attirait l’attention du gouvernement ivoirien sur 16 conflits entre communautés recensés depuis 2020. Dans son ambition de contribuer à lutter contre ces conflits, le Centre d’Education pour une Société Durable (ESD) appuyé par son partenaire OSIWA a initié le projet d'Appui à la cohésion sociale des communautés de base (PACTES) la même année. Le PACTES a été mis en œuvre dans les localités de Sakassou, Soubré et Bongouanou. Le jeudi 14 mars 2024, en organisant un " Dialogue institutionnel pour la cohésion sociale » en Côte d’Ivoire et rendre public les acquis du PACTES, le Centre ESD avait pour objectif de créer un cadre d'échanges autour des facteurs confligènes et des méthodes innovantes de prévention et de résolution de conflits.
Le panel qui a été interactif a réuni des organisations de la société civile, des représentants de communautés et le ministère ivoirien de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté. La majorité des participants ont demandé aux dirigeants de ressourdre les conflits en s’attaquant aux causes et moins aux conséquences. Et à ce niveau, les résultats du PACTES sont indicatifs. Car les informations recueillies auprès des communautés invitent à orienter autrement la réflexion sur la prévention et la solution des conflits dans nos localités. Il ressort, en effet, que dans ces trois localités, où les conflits ont été à la fois violents, récurrents et mortels, les causes seraient liées à des dénis identitaires, culturels et même spirituels. Et donc, les raisons économiques et politiques sont loin d’être les causes réelles, même si elles ne sont pas à balayer du revêt de la main en contextualisant les crises. Pour Magloire N’Dehi, l’un des administrateurs du Centre ESD, si pendant longtemps les causes des conflits entre communautés ont été appréhendées sous l’angle économique et politique, il y a lieu de penser autrement. « La question identitaire, culturelle et spirituelle pourrait être l’une des raisons profondes des conflits communautaires », a soutenu M. N’Déhi, convaincu qu’il serait très « intéressant voire salutaire » en prenant en compte cet aspect dans la prévention et la résolution des conflits communautaires; et non considéré uniquement la dimension économique et politique. Les acquis du projet montrent aussi que la perte des valeurs morales, le non respect des us et coutume etc crée les conditions favorisant les conflits inter communautaires. C’est pourquoi, il estime que pour une prévention durable de ces affrontements il faut nécessairement s'investir dans le dialogue culturel et religieux et faire un travail d’éducation civique et morale des populations.
Également administrateur du Centre ESD, Acquilas Yao, a souligné que le projet a permis d’installer des espaces de dialogue permanent à Soubré, Sakassou et Bongouanou, permettant aux populations d’échanger et de collaborer pour la recherche de solutions adaptées à leurs réalités. « Ce projet est un cas d’école.(…) Pour nous, le dialogue est pour une nation, ce que la moelle épinière est pour le système nerveux. Et aussi vrai que l'aiguille d'une boussole indiquera toujours vers le Nord, le dialogue demeurera le facteur clé de la cohésion sociale", a-t-il ajouté, surtout que le PACTES vise à renforcer les capacités d'actions de paix des communautés de base pour une cohésion sociale durable.
Notons que le Centre ESD actuellement dirigé par Blandine Angbako a été créé en 2011. Il apporte un appui à la participation civique, à la promotion de l’accès aux droits et à l’éducation aux médias et à l’information.