Démarrés en 2021, les travaux de construction du projet Train Express Régional ( TER) ont impacté plusieurs personnes au Sénégal. Aujourd’hui le premier tronçon du TER est fonctionnel, mais des personnes affectées par le projet(PAP) rencontrent des difficultés à se faire dédommager. Leur indemnisation totale est devenue une bataille entre eux, la Banque africaine de développement( BAD) et l'Etat du Sénégal.
A l’occasion d’un atelier organisé par l’ONG Lumière synergie et pour le développement(LSD) et son partenaire la Coalition ivoirienne des défenseurs des droits humains(CIDDH) à l’attention de journalistes ivoiriens, sur la politique de sauvegardes environnementales et sociales de la BAD , le mardi l6 janvier, à Abidjan, Babacar Diouf, spécialiste suivi des Projets d'infrastructures financés par la Bad à LSD, est revenu sur cette affaire. Surtout que la BAD s’apprêtait à examiner la demande de financement de la deuxième phase du TER, le mercredi 17 janvier. Une situation qu’il a jugée inconcevable, si le conseil d’administration de la Banque venait à accorder le financement de cette seconde phase dont les travaux ont été lancés en mars 2022 par le président Macky Sall.
Selon lui, dans le rapport de vérification de conformité du projet TER2, à la suite d’une plainte des communautés avec l’appui de l’ONG LSD en 2019, la direction de la BAD a reconnu le sacrifice consenti par les populations du tronçon Dakar à la nouvelle ville de Diamniadio. Qui, malheureusement, peinent à obtenir réparation.
Pour Babacar Diouf, cette attitude de l’institution financière africaine est l’aveu d’un échec de son système de sauvegardes intégré, particulièrement sa politique de Réinstallation involontaire.
« La BAD avait recommandé à son conseil d’administration de conditionner le financement de cette seconde phase à la résolution complète de tous les problèmes soulevés par le rapport, notamment les personnes vulnérables, la perte de subsistance, de logements, etc. » , a-t-il confié, soulignant que c’est une menace grave contre le système de sauvegarde destiné à protéger les communautés et l’environnement. « A la première phase du projet, les communautés n’ont pas été consultées de façon adéquate. Or pour réussir une bonne planification d’une Réinstallation, il faut échanger avec les communautés pour prendre en compte leurs préoccupations. Malheureusement, compte tenu du délai de livraison du projet TER, les populations ont été deguerpies sans un plan de Réinstallation… », a dénoncé M. Diouf.
« La BAD ne respecte toujours pas son système de sauvegardes intégré dans les projets. J’estime que les populations impactées par les différents projets sont légitimes à réclamer réparation. Elles ont subies des préjudices, il revient donc à la banque d’apporter des solutions durables pour leur bien-être. Mais le conseil d’administration veut mettre la charrue avant les bœufs. Nous pensons qu’il faut attendre un délai pour contraindre l’État du Sénégal à respecter les mesures proposées par le plan d’action, avant d’approuver la seconde phase du projet, sinon la BAD n’aura plus aucun moyen de pression sur le gouvernement sénégalais… », a-t-il martelé, sans manquer d’évoquer la situation des impactés du village de Taboh( la préfecture de Jacqueville-Côte d’Ivoire) dans le cadre de la construction de la centrale thermique à gaz de 390MW (CIPREL 5) et de la ligne à haute tension associée.