En Côte d’Ivoire, la mendicité est punie par la loi. Et des sanctions sont prévues par le code pénal. Notamment, les articles 189, 190, 191, 192 et 193 du code pénal, au niveau de la section 5, portant sur le vagabondage et la mendicité. Par exemple, l’article 190 dit : « Toute personne qui, capable d’exercer un travail rémunéré, se livre habituellement à la mendicité, est punie d’un emprisonnement de 3 à 6 mois et peut être frappée pendant cinq ans, d’interdiction de séjour, ou d’interdiction du territoire de la République, ou d’interdiction de paraître en ces lieux ».
Malgré toutes ces dispositions prévues par la loi, le phénomène de la mendicité continue de prospérer sur le territoire ivoirien, et à même pris le visage d’un business juteux organisé dans le District autonome d’Abidjan.
Si hier, la mendicité était un fait banal de société, aujourd’hui elle est devenue une préoccupation majeure pour le gouvernement ivoirien.
De plus en plus, les abords et carrefours des rues de la capitale économique du pays sont envahis par des mendiants. Ce fléau s’est amplifié. Des mains occultes prennent le malin plaisir de ficeler cette traite moderne d’êtres humains en plein jour. Et la ville d’Abidjan est devenue le lieu de prédilection.
L’origine des mendiants
A forte fréquence d’arrivage, de nombreuses personnes principalement des pays sahéliens et limitrophes se présentent sur le territoire ivoirien pour s’adonner à la mendicité.
Ces mendiants sont reconnus pour la plupart être d’origine nigérienne. Accusé d’être le pays en Afrique subsaharienne dont les ressortissants mendient dans les capitales africaines, le gouvernement nigérien est monté au créneau. Sans vraiment démentir ces accusations, il entend rapatrier tous ses ressortissants dans cette activité à l’étranger.
A cet effet, les autorités nigériennes prévoient de traduire devant « les juridictions compétentes » tous « ceux qui entretiennent ce réseau criminel » et « d’autres opérations de rapatriement de Nigériens » qui pratiquent la mendicité sur le continent.
« Ce n’est pas la misère qui est à la base (de ce phénomène), mais des réseaux mafieux organisés qui procèdent à la traite et au trafic de ces êtres humains », a déclaré le ministre nigérien de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, en accueillant la première vague des rapatriés du Sénégal à Niamey.
La localisation des mendiants
A Abidjan, dans les communes de renoms tels que Marcory, Cocody et Plateau, des enfants dont l’âge varie entre 4 et 16 ans accostent tous les passants quémandant une pièce d’argent. Une fois qu’ils vous accostent et que vous refusez de leur remettre une pièce d’argent, ils vous suivent, insistant et tirent votre vêtement. Et la scène se passe toujours sous le regard encourageant de la mère qui admire la bravoure de son fils ou sa fille.
Une autre stratégie adoptée par ces mendiants consiste à sortir de leur cachette, une fois le feu tricolore passe au rouge pour demander aux automobilistes et passagers. Ils y retournent aussitôt quand le feu passe au vert.
Au grand carrefour de Marcory ou sur le boulevard Latrille de Cocody, ces mendiants sont très souvent à leur aise. Ils ignorent même l’existence d’une loi dans ce pays interdisant cette pratique.
La réaction du gouvernement ivoirien
Le phénomène s’est développé au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités administratives, des leaders coutumiers et religieux et plus globalement de la société ivoirienne. Si la responsabilité des pouvoirs publics est engagée dans la prospérité de cette pratique, il n’en demeure pas moins que la société ivoirienne est tout aussi responsable. Elle qui accepte, tolère et même encourage cette pratique dégradante.
Face au phénomène grandissant de la mendicité qui dégrade l’image du pays et hypothèque l’avenir d'innocents enfants, le gouvernement a réagi.
Le 5 août 2013, l’ancien ministre d’Etat, ministre de la Sécurité et de l’Intérieur Hamed Bakayoko, à travers un communiqué, interdisait « Toutes activités de mendicité au carrefour des grandes rues de la capitale économique». A cela s’ajoutent les sanctions prévues par le code pénal. Notamment, les articles 189, 190, 191, 192 et 193 du code pénal, au niveau de la section 5, portant sur le vagabondage et la mendicité. Et l’article 190 dit : « Toute personne qui, capable d’exercer un travail rémunéré, se livre habituellement à la mendicité, est punie d’un emprisonnement de 3 à 6 mois et peut être frappée pendant cinq ans, d’interdiction de séjour, ou d’interdiction du territoire de la République, ou d’interdiction de paraître en ces lieux ». Et depuis 2024, les autorités ivoiriennes ont mis en place une Brigade Spéciale de police pour lutter contre ce fléau et le commerce ambulant. Malgré cela, les rues de la capitale économique ne désemplissent pas de mendiants.
La position de l’Islam
Même les mosquées ne sont pas exemptées de la présence de ces mendiants du fait que la majorité parmi eux sont de confession musulmane. Des personnes dans la société assimilent cette pratique à l’islam. Or, la mendicité est formellement interdite en islam. Il existe des preuves textuelles indénombrables et éloquentes en la matière.
On pourrait citer le Messager d’Allah, Mouhammad (saw) : "Jamais une personne ne peut manger une chose meilleure que ce qu’elle a acquis grâce au labeur de ses mains […] Le fait que l’un de vous prenne une corde puis va à la montagne pour apporter un fagot de bois sur son dos et le vendre afin qu’Allah lui épargne l’humiliation de la mendicité est meilleur pour lui que tendre sa main aux gens, qu’ils lui donnent ou refusent de lui donner […] Celui qui tient jalousement à sa dignité, Allah la lui préserve et celui qui se passe de l’aide des autres, Allah exalté soit-il le met au-dessus du besoin..."
On note également des propos plus menaçants par endroit du Messager d’Allah : « Celui qui tend la main sans être dans le besoin est comme celui qui empoigne des braises […] Nul n’aura de cesse de tendre la main jusqu’à ce qu’il comparaisse devant Allah le jour de la Résurrection sans la moindre chair au visage… ».