Nourrir sa population a toujours été une priorité pour tout pays responsable. La crise sanitaire du Covid-19, la guerre russo-ukrainienne et les défis sécuritaires en Afrique de l’Ouest en font désormais une exigence absolue. La Côte d’Ivoire, aujourd’hui plus que par le passé, veut exploiter ses énormes potentialités pour garantir sa souveraineté alimentaire.
Atténuer les chocs qui affectent le secteur agricole. La Côte d’Ivoire en fait un impératif. Une préoccupation traduite dans le thème de la 6e édition du Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA) « L’agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ? ».
La question de la sécurité alimentaire s’est invitée au tout premier Conseil des ministres du gouvernement formé le 17 octobre 2023 avec à sa tête le Chef du gouvernement, Robert Beugré Mambé. En effet, le 18 octobre, le Président de la République, Alassane Ouattara, comme orientation prioritaire a demandé au gouvernement de veiller à l’approvisionnement du marché en produits alimentaires et en denrées de première nécessité dans des conditions qui préservent le pouvoir d’achat des ménages, surtout les plus vulnérables. Une orientation qui figure en bonne place dans les priorités du Premier Ministre. Selon Robert Beugré Mambé, la problématique de la sécurité alimentaire sera au cœur de l’action gouvernementale.
C’est dire que la volonté politique est manifeste et elle est exprimée dans la dénomination du ministère d’État, ministère de l’Agriculture, du Développement rural qui s’enrichit désormais des Productions vivrières.
Le gouvernement avait déjà mis en place plusieurs programmes d’appui à la sécurité nutritionnelle et alimentaire. Le ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, indiquait le jeudi 19 janvier 2023 que dans le cadre de la sécurité alimentaire, 40 projets sont mis en œuvre dans le secteur agricole pour un investissement de plus de 220 milliards de FCFA.
Le pays s’est doté en 2012 d’un Programme national d’investissement agricole (PNIA). Et le PNIA 2 (2018-2025) joue un rôle essentiel dans la résilience de l’agriculture ivoirienne face aux chocs. « Avec ce programme, des résultats tangibles ont été atteints, dont l’augmentation du volume des productions agricoles », a affirmé le directeur général des Productions et de la Sécurité alimentaire au ministère d’État, ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Pr Téhua Pascal Kouassi Angui.
Selon lui, en 2022, les cultures céréalières ont progressé de 3,5%, les tubercules et bananes plantains de 4,8% par rapport à 2021.
L’État accorde une attention particulière à la production du riz. Le pays qui dépend des importations s’est doté d’une Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) en 2012. La dernière s’étendant sur la période 2020-2030. La production de riz blanchi est attendue à 1,4 million de tonnes en 2023 et serait en hausse par rapport au stock produit un an plus tôt. Selon le ministre d’Etat, le gouvernement a mis environ 850?000 hectares de terres agricoles aménagées à la disposition des opérateurs privés pour stimuler l’offre locale de riz paddy. Le Programme d’urgence de soutien aux filières agricoles d’exportation et au secteur des productions alimentaires (PURGA 2) qui a été lancé par le gouvernement réalise aussi de bons résultats avec des statistiques de productions additionnelles de 30 000 tonnes de riz paddy.
La mise en place des agropoles aux fins d’impliquer l’ensemble des acteurs de la chaîne des valeurs agricoles suscite de grands espoirs. Deux agropoles sont déjà opérationnelles. Ainsi, le Projet de Pôle agro- industriel dans la région du Bélier (2PAI-Bélier), première agropole opérationnelle sur les neuf prévues sur l’ensemble du territoire national a été lancé en octobre 2018 et financé à hauteur de 80 milliards de FCFA. L’Agropole du Nord, dont le montant global est de 167,4 milliards FCFA, a été lancée le 27 juillet 2022 à Sinématiali (région du Poro).
La volonté politique de la Côte d’Ivoire d’être autosuffisante en vivrier se traduit également par les opportunités offertes à la jeunesse dans le secteur agricole. La mise en place d’une politique agricole forte permettra de faire des jeunes des acteurs majeurs de la souveraineté alimentaire.
OM