
Abidjan, le vendred 21 mars 2025(ivoire.ci)-Le 18 mars dernier, un collectif de 11 ONG d'Afrique de l'Ouest, dénommé Restitution Afrique (RAF), a déposé une plainte au parquet financier de Paris contre le groupe Bolloré, l'accusant de « recel » et de « blanchiment », rapportent plusieurs médias français.
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Selon plusieurs médias dont Africa News Agency, le collectif Restitution Afrique (RAF) dénonce les « relations privilégiées » entretenues entre le groupe et plusieurs responsables politiques africains, lesquelles auraient permis au groupe d'obtenir des concessions portuaires importantes à Lomé (Togo), Conakry (Guinée), Douala et Kribi (Cameroun), Tema (Ghana) et Abidjan (Côte d'Ivoire) sans appel d'offres, souvent en contrepartie de soutiens financiers et politiques.
Selon France Info, les ONG demandent la restitution des fonds issus d'activités illicites menées par Bolloré SE, Vincent Bolloré et Cyrille Bolloré. Elles dénoncent également les conditions dans lesquelles le groupe de l’industriel breton a acquis ces concessions portuaires dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest.
Le RAF, dirigé par Jean-Jacques Lumumba, regroupe des ONG provenant de pays tels que le Togo, la Guinée, le Ghana, le Cameroun et la Côte d'Ivoire, ainsi qu'en France. " La corruption aujourdhui détruit des vies en Afrique, c'est moins d'hôpitaux, c'est moins de routes, c'est moins d'écoles, c'est moins d'investissemnts... L'objectif de nos actions, c'est de condamner le corrupteur et les méthodes du clan Bolloré. Nous sommes convaincus que nous allons y arriver, parce que c'est le combat de chaque africain...", a soutenu M. Lumumba sur France 24, lors d'un entretien le mercredi 19 mars 2025.
La plainte évoque que toutes ces affaires de la filiale Bolloré Africa Logistics, considérées comme obtenues illégalement, auraient généré des milliards d'euros de revenus, représentant jusqu'à un quart du chiffre d'affaires total du groupe et jusqu'à 80 % de ses profits.
‘’En 2021, le groupe Bolloré avait déjà bénéficié d'une convention judiciaire d'intérêt public (CJIP), pour laquelle il a payé 12 millions d'euros en lien avec des poursuites pour corruption au Togo’’, rapporte Africa News Agency.
Les ONG dénoncent également un possible blanchiment de 5,7 milliards d'euros réalisés par le groupe lors de la vente de sa filiale Bolloré Africa Logistics en 2022 à l'armateur italo-suisse MSC.
Pour soutenir leur demande de restitution des profits, le RAF s'appuie sur une loi française de 2021 qui a établi un dispositif de restitution transparente des biens mal acquis aux populations des pays d'origine des fonds. Selon le collectif, ces fonds devraient être éligibles à une restitution aux nations et populations africaines concernées.
Avec cette plainte, le collectif Restitution Afrique espère qu'une enquête pénale pourra mener à un procès public, et en cas de succès, permettre le retour de ces fonds en Afrique. Ils utilisent l'expression "biens mal acquis inversés" pour désigner ce mécanisme, qui pourrait établir un précédent juridique contre les multinationales, notamment françaises, accusées d'exploiter des ressources ou infrastructures stratégiques acquises de manière frauduleuse à l'étranger.