Pourquoi l’Italie ou l’Espagne payent-elles un si lourd tribut au Covid-19 ? Une étude d’Oxford éclaire ce sombre bilan par la démographie et les habitudes socioculturelles : non seulement la population de ces pays est âgée, les générations y entretiennent aussi des relations intenses. Or, la France leur ressemble…
On l’entend beaucoup depuis le début de l’épidémie : les pays européens aux populations les plus vieillissantes sont les plus ravagés par la pandémie de coronavirus, qui laisse moins de chances de survie aux personnes âgées. A présent, une modélisation réalisée au département de sociologie de l’université d’Oxford vient enfin chiffrer cette intuition des épidémiologistes : elle confirme à quel point l’impact de la maladie dans chaque pays dépend lourdement de sa démographie. Mais aussi des liens sociaux entre les personnes âgées et les couches plus jeunes de la population.
Par exemple, les chercheurs oxfordiens ont comparé l’Italie à la Corée du Sud, qui a une population de taille similaire. En considérant le cas où 10 % de la population attrape le coronavirus et en se basant sur les taux de mortalité observés en Italie pour les différentes classes d’âges, ils ont calculé que : l’Italie pourrait enregistrer 302 530 décès, contre 177 822 pour la Corée. Soir plus de 70 % de décès supplémentaires ! L’Italie est en effet le second pays les plus âgé du monde, après le Japon.
7 contacts entre générations par jour en Italie
Mais les interactions entre générations, un facteur culturel, sont aussi très importantes : de précédentes études ont montré que chaque Italien rentre en contact en moyenne avec 7 personnes d’une classe d’âge différente de la sienne tous les jours ! En Allemagne, ce chiffre se situerait plutôt autour de 2. De façon très générale, les familles des pays méditerranéens ont tendance à vivre ensemble à travers les générations.
« Nous estimons que les classes d’âge moyennes sont celles où le nombre de nouvelles contaminations est le plus élevé : ce sont elles qui diffusent la maladie car elles sont plus mobiles en tant que travailleurs et sont aussi en contact avec les jeunes et les vieux à la fois », explique l’économiste Valentina Rotondi, qui a participé aux travaux.
Ainsi, les pays qui ont le plus de personnes âgées enregistrent le plus de décès. Mais attention : « cela ne veut pas dire que le Covid-19 est une maladie de pays vieux, met en garde la chercheuse. Dans les pays pauvres ou en développement, certes la population est plus jeune et donc moins sensible au coronavirus mais elle est plus souvent affectée par d’autres maladies qui la fragilisent (paludisme, sida…) et doit compter sur des systèmes sanitaires plus fragiles ».