
Abidjan, le mardi 15 avril 2025(ivoire.ci)-Longa Andrea Mbuyamba est consultante en transformation digitale & gender advisor, fondatrice d'Abidjanaises In Tech, une organisation qui veut renforcer et promouvoir la participation des femmes dans le domaine du numérique en Côte d’Ivoire. Elle est également promotrice d’Africaines In Tech, un réseau d'expertise panafricain composé de plus de 550 femmes réparties entre Abidjan, Dakar et Lomé. Entre 2021 et 2023, elle a occupé le poste de Head of Organisation & Change Management au sein du groupe Cofina. Dans cet entretien, elle parle de la place de la femme dans le numérique, un secteur où il existe encore de nombreuses opportunités pour femmes, en Afrique.
Quelle est votre perception de la place des femmes dans l'industrie numérique en Côte d'Ivoire ?
Je suis une femme dans le domaine du numérique qui évolue dans l'écosystème "tech" ivoirien depuis maintenant trois ans et je peux vous dire qu'il y a beaucoup d'opportunités pour les femmes. C'est un écosystème qui est en pleine ébullition, il y a vraiment la lumière sur la "tech" en Côte d'Ivoire, ce qui ouvre de très nombreuses opportunités dans tous les secteurs d'activité en termes de carrière, d'emplois, d'affaires… Mais ce que j'ai pu voir aussi très rapidement, c'est qu’au sein de tous les différents acteurs qui composent cet écosystème, la femme n’est encore pas assez représentée comme il se doit.
Avez-vous, cependant, observé des contributions particulières des femmes dans le secteur du numérique ?
Étant dans une communauté de femmes expertes en technologie, les contributions, je les vois vraiment quotidiennement. Je vois des femmes qui créent des applications. Je vois des femmes qui proposent des solutions grâce à des technologie de pointe. Je vois des femmes qui impactent leur communauté grâce au numérique. Je vois des femmes qui sont très engagées dans la formation des jeunes, des communautés marginalisées. Je vois des femmes qui prennent la parole à l'international pour représenter la Côte d'Ivoire dans des débats de très haut niveau. Je vois également des femmes qui proposent des médias suivis par des milliers de personnes et qui mettent en avant justement toutes ces contributions. Je vois des femmes qui dirigent des entreprises technologiques, des grandes entreprises, des PME qui fonctionnent, des femmes qui forment des employés, des talents de qualité… Et ça, je le vois vraiment quotidiennement ! »
Mais qu’attendez-vous concrètement comme actions en faveur des femmes ?
Je suis un peu rêveuse… Et mon rêve, c'est vraiment qu'on arrive à créer de l’impact dans toute l'Afrique francophone en connectant les femmes. J'ai vu le pouvoir de la sororité numérique à notre échelle et j'aimerais vraiment qu'on arrive à dupliquer cette échelle, à la rendre panafricaine, pour permettre à toutes les "Women In Tech" qui sont partout de créer des synergies et faire des projets. Aujourd’hui, nous connaissons beaucoup plus de modèles de réussite et la réussite telle que nous la définissons ce n'est pas le succès ! La réussite, ce sont des expériences et des trajectoires de vie qui mènent à l'épanouissement. Et, il existe de plus en plus de modèles qui font qu’un nombre croissant de jeunes filles pourront se référer à des héroïnes du quotidien inspirantes, surtout dans le domaine du numérique.
Quels sont les défis auxquels font face les femmes sur la route du numérique ?
Les défis sont beaucoup, il y a le défi de la formation. C’est vrai que ce n’est pas évident de trouver tous les talents technologiques ; mais après il y a beaucoup de défis dans le tissu corporate. Il faut qu’il y ait un dialogue entre les professionnels et les entreprises. Il faut également des recommandations claires, visant à trouver des emplois aux femmes dans le secteur digital. A cela s’ajoutent les défis de financements pour les entrepreneures.
Quelle est aujourd’hui votre vision pour la femme dans La tech ?
Ma vision, c’est qu’on arrive vraiment à Africa in tech, qu’on ne soit plus chacun dans une bulle. Il faut encourager la collaboration et création de synergies avec toutes ces femmes qui sont dans les pays africains francophones, cela va encore plus amplifier nos voix, ça va nous donner plus de crédit avec des actions derrières dans les différentes communautés, en faisant en sorte à avoir beaucoup de jeunes filles qui dès l’école, osent-elles mêmes et pensent aux filières scientifiques. Il faut que nous créions cet intérêt à notre niveau à Women in tech pour s’assurer que les générations après soient plus nombreuses dans le numérique, parce que ce sont les PIB des économies numériques qui se développent et là où il y a des opportunités d’autonomisation les femmes sont vraiment là, en majorité.
Un message pour toutes ces femmes, notamment aux jeunes femmes qui hésitent encore, quand on parle de numérique ?
Il est impossible d’ignorer le numérique, beaucoup d’opportunités émergeront dans ce domaine à travers tout le continent. Il est essentiel de s’y intéresser, même sans forcément envisager une carrière dans le numérique, car peu importe le secteur d’activité, chacun sera impacté. Cette curiosité est cruciale, et il ne faut pas hésiter à se tourner vers des communautés prêtes à vous accompagner dans l’accès au numérique comme Africaines In Tech. Beaucoup d’aspects peuvent sembler complexes, mais ils ne le sont pas forcément. Le numérique peut être accessible à tous, à condition de démystifier ce qui semble intimidant. Se former, bien entendu, et toujours rester en veille sur les réseaux sociaux, suivre des pages sur l'actualité technologique, sur l'actualité des entreprises qui intéressent, et surtout apprendre à développer et animer son réseau… Et même à l’ère du digital, le relationnel humain demeure essentiel et reste la véritable clé pour créer des opportunités.