
Abidjan, le lundi 10 mars 2025(ivoire.ci)- Après plus d’un siècle d’exil forcé, le djidji ayôkwé, tambour sacré du peuple Ébrié, s’apprête à retrouver son sol natal. Confisqué en 1916 par l’armée coloniale française, cet objet emblématique de la culture ivoirienne a été conservé jusqu’ici en France. Sa restitution marque une étape historique dans la reconnaissance et la valorisation du patrimoine africain, selon les informations de LeMonde et RFI.
Gardien de l’histoire et de l’identité du peuple Ébrié
Le djidji ayôkwé n’est pas un simple instrument de musique. Dans la tradition Ébrié, ce tambour sacré servait à communiquer des messages entre villages, grâce à un langage codé transmis de génération en génération. Utilisé lors de grandes cérémonies, il était le gardien de l’histoire et de l’identité du peuple Ébrié. Sa confiscation par l’administration coloniale a été vécue comme une dépossession culturelle majeure.
« Ce tambour était la voix de nos ancêtres, un messager entre les vivants et les esprits. Son absence a laissé un vide immense », confie Koffi N’Guessan, historien spécialiste des cultures ivoiriennes.
Processus de longue date
Le retour du djidji ayôkwé est l’aboutissement d’un processus engagé de longue date par la Côte d’Ivoire. Depuis plusieurs années, le gouvernement ivoirien, en collaboration avec des institutions culturelles françaises, a multiplié les négociations pour la restitution d’objets pillés durant la colonisation. En novembre 2024, une convention de dépôt a été signée, permettant son transfert temporaire au Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, à Abidjan, avant son retour définitif dans sa région d’origine.
Cette restitution s’inscrit dans un mouvement plus large amorcé par plusieurs pays africains, à l’image du Bénin et du Sénégal, qui ont obtenu le retour de pièces majeures de leur patrimoine culturel.
L’arrivée du djidji ayôkwé en terre ivoirienne est prévue pour les prochains mois. À Abidjan, l’événement suscite une grande ferveur. Des festivités sont déjà en préparation, avec des cérémonies traditionnelles et des expositions dédiées.
« C’est plus qu’un objet. C’est une partie de notre âme qui revient. Nous allons l’accueillir comme il se doit », affirme fièrement Adjoua Konan, artisane et descendante d’une lignée de griots.
Avec cette restitution, la Côte d’Ivoire réaffirme son engagement à protéger et valoriser son patrimoine culturel. Le djidji ayôkwé, enfin libéré de son exil, pourra à nouveau faire résonner la voix des ancêtres et transmettre son message aux générations futures.