
Le successeur de feu Henri Konan Bédié a lancé un appel fort pour une campagne électorale « basée sur le respect », tout en attaquant frontalement l'idée d’un quatrième mandat pour le président sortant, Alassane Ouattara.
Alors que le climat politique s’échauffe à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, Tidjane Thiam a tenu à fixer le ton. « Nous souhaitons une belle campagne électorale. Une campagne basée sur le respect et la compétition entre différentes visions. Pas sur l'injure, pas sur le mensonge, pas sur l'invective », a martelé l’ancien directeur général de Crédit Suisse, appelant ses partisans à l’unité et à la discipline. Un message d’apaisement qui tranche avec les récentes polémiques sur sa nationalité et les attaques dont il fait l’objet.
Offensive contre un 4? mandat d’Alassane Ouattara
Mais derrière cet appel au respect, Tidjane Thiam n’a pas manqué d’adresser une critique acerbe à l’encontre du pouvoir en place. S’il ne cite pas directement Alassane Ouattara, il dénonce clairement la possibilité d’une nouvelle candidature du chef de l’État, qui reste floue. « Ceux qui ne sont pas des amis de la Côte d'Ivoire souhaitent un quatrième mandat, ils souhaitent une élection qui se passe mal », a-t-il lancé, insinuant que cette option risquerait d’entraîner une instabilité politique.
Et d’ajouter : « Croire et dire que ce chemin est celui de la stabilité, c'est de l'irresponsabilité ». Une manière de se poser comme une alternative crédible, incarnant le renouveau politique, loin des tensions et des contestations qui ont marqué les précédentes échéances électorales.
La révision de la liste électorale : une bataille cruciale
Autre point fort de son discours a été la révision de la liste électorale. Le chef du PDCI-RDA a insisté sur la nécessité de permettre aux Ivoiriens de s’inscrire jusqu’à l’élection d’octobre 2025. « Pourquoi avoir peur de laisser les Ivoiriens qui sont tellement satisfaits de s'inscrire et voter ? », a-t-il ironisé, remettant en question la transparence du processus électoral sous l’actuel régime.
Confiant, il a assuré que son parti sortirait vainqueur à condition que « l’arbitre ne marque pas de buts », une pique à peine voilée envers l’organe en charge des élections, c'est-à-dire la commission électorale indépendante (CEI).
Face aux critiques sur son long exil, Tidjane Thiam a tenu à rappeler les circonstances de son départ de Côte d’Ivoire après le coup d’État de 1999. « Je suis resté 23 ans à l’étranger. Mais j'attendais le moment où mon peuple et moi pourrions communier pour changer ce pays. Ce moment est enfin venu », a-t-il déclaré sous les acclamations.
Il a également révélé l’origine de son engagement politique actuel, attribuant son retour à un petit groupe de fidèles qui l’a sollicité en Suisse. Un récit qui vise à légitimer sa candidature et à démontrer que sa volonté de servir la Côte d’Ivoire n’a jamais faibli.
Le potentiel candidat du PDCI-RDA a conclu son intervention en esquissant son projet de société, articulé autour de six axes : la paix et la sécurité, le capital humain, la société, les nouvelles technologies, l’économie et l’équité, ainsi que le développement durable.
Alors que la course à la présidentielle s’accélère, ce meeting de Yopougon marque une démonstration de force pour Tidjane Thiam, qui se positionne désormais comme l’un des challengers les plus sérieux face au régime en place. Une bataille qui s’annonce intense, entre manœuvres politiques et aspirations au changement.
Source : L'inter