
L’influenceur ivoirien surnommé Johnny Patcheco (Christ Yvon Koukougnon à l’état-civil) est dans le viseur d’Interpol, soupçonné d’être impliqué dans une campagne massive de désinformation contre le gouvernement ivoirien, apprend le réseau indépendant d’information ivoire.ci de sources proches de l’enquête. Cette opération de désinformation, orchestrée par un réseau très étendu à travers le monde, aurait pour but de préparer une crise armée en Côte d’Ivoire ; ce qui passe par la diffusion massive de contenus mensongers visant à ternir au maximum l’image du président Alassane Ouattara et de ses proches collaborateurs.
Des accusations de propagande haineuse et d’incitation à la violence
Abidjan, samedi 8 février 2025-D’après nos sources proches de l’investigation, Johnny Patcheco fait l’objet d’une plainte pour propagation de discours de haine, incitation aux crimes de sang et diffusion de fausses informations. Plusieurs éléments de preuve auraient été réunis, notamment des vidéos et des messages cryptés échangés avec des complices présumés.
Ce réseau, aux ramifications en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord, est structuré pour produire et diffuser des fake news, avec des relais au sein même de la Côte d’Ivoire. L’un des complices identifiés, qui pourtant se fait passer pour un partisan du pouvoir sur les réseaux sociaux, est soupçonné d’avoir entretenu des échanges secrets avec Johnny Patcheco et lui aurait transféré des fonds à l’insu des cadres du régime.
Une localisation incertaine et une perte de statut en Finlande
Bien que Johnny Patcheco affirme vivre en Finlande, les recherches ont établi qu’il n’a pas séjourné dans ce pays depuis son récent départ de la Côte d’Ivoire. Son statut d’asile politique en Finlande lui ayant été retiré après un séjour dans son pays d’origine, illustré par des clichés prouvant clairement que sa sécurité n’y était plus menacée. Actuellement en instance de divorce avec sa femme finlandaise, il aurait trouvé refuge dans un pays d’Europe de l’Est, où son signalement a été détecté. C’est de cette position qu’il fait ses vidéos.
Une stratégie de déstabilisation du régime ivoirien
L’un des suspects, apprend-on, aurait admis que la popularité du président Alassane Ouattara s’est considérablement renforcée après l’organisation réussie de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2024, remportée par la Côte d’Ivoire. Face à ce bilan jugé positif, ce réseau cherche à fragiliser le pouvoir en multipliant la diffusion de fake news et en s’attaquant aux proches du chef de l’État.
« Les adversaires du président n’auront pas d’arguments face à son bilan. Donc, il faut ternir son image et celle de ses collaborateurs susceptibles d’être candidats s’il ne l’est pas lui-même en 2025 », aurait confié ce suspect. L’objectif ultime étant de provoquer une crise politique pouvant conduire à une transition plutôt qu’à un scrutin régulier.
Une enquête pour prévenir des troubles
Ces investigations, poursuivent nos sources, ont pour objectif d’éviter que cette campagne de désinformation ne conduise à des violences ; la diffusion de fausses informations étant désormais considérée comme l’une des menaces les plus sérieuses contre la paix et la stabilité des États. « Mieux vaut prévenir que guérir ou compter des morts », confie une source sécuritaire, insistant sur le fait que la manipulation de l’opinion via les réseaux sociaux peut être un facteur déclencheur de crises graves. Face à ces risques, les services de sécurité multiplient les coopérations internationales pour identifier les relais de ce réseau avant qu’il ne soit trop tard.
Johnny Patcheco : du web activisme aux tentatives d’exfiltration
Contrairement à l’image d’influenceur qu’il se donne, Johnny Patcheco est décrit par les enquêteurs comme un web activiste engagé dans une propagande hostile aux autorités ivoiriennes. Ces derniers mois, il a multiplié les prises de position incendiaires, relayant des appels à la contestation et des propos jugés mensongers sur la situation politique et sécuritaire du pays, ainsi que sur la vie privée de certains hauts cadres du régime et des citoyens.
Nos sources indiquent qu’il chercherait désormais à rejoindre un pays d’Afrique de l’Ouest sous une fausse identité. Il aurait noué des contacts dans la sous-région pour lui permettre d’obtenir des documents falsifiés afin de se fondre dans la masse pour rejoindre sa prochaine destination, qui ne peut être ralliée par vol direct depuis sa position.
Des fuites au sein du réseau de désinformation
Alors que l’enquête progresse, plusieurs membres du réseau de désinformation ont pris la fuite. Certains ont déjà quitté le continent africain pour des destinations encore inconnues.
L’ampleur de cette opération de manipulation pose la question du rôle des web activistes dans les dynamiques politiques africaines. Mais surtout cela emmène à s’interroger sur la capacité de nos États à contenir la propagation de fausses informations dans des contextes électoraux tendus.