
Abidjan, le lundi 03 mars 2015-(ivoire.ci)-Le vendredi 28 février 2025 à Paris, un ancien doyen de la faculté de médecine de Butare au Rwanda a été inculpé pour génocide, crimes contre l’humanité et entente en vue de la commission de ces crimes. Âgé de 74 ans, Alphonse K. a été placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de la suite des procédures.
Plusieurs médias dont RFI indique que cette inculpation s'inscrit dans le cadre d'une enquête ouverte le 13 novembre dernier, après que son nom est apparu lors des procès de deux anciens médecins rwandais, Eugène Rwamucyo et Sosthène Munyemana, condamnés respectivement à 27 et 24 ans de réclusion criminelle.
Les accusations contre Alphonse K. reposent principalement sur des faits qui se seraient déroulés en mai 1994, pendant le génocide des Tutsis. Il est soupçonné d'avoir incité à s'en prendre à la minorité tutsie lors d'une réunion organisée le 14 mai de cette année-là, en présence de Jean Kambanda, alors Premier ministre du gouvernement intérimaire rwandais. Ces déclarations auraient contribué à alimenter la violence dans la préfecture de Butare, l'une des dernières régions à être touchée par les massacres.
Par ailleurs, des témoignages recueillis au cours de l'instruction accusent l'ancien doyen d'avoir profité de son autorité au sein de l'hôpital de Butare pour ordonner des actes visant à l'extermination ou à la déportation de patients, réfugiés et membres du personnel d'origine tutsie.
Selon l'AFP, il aurait tenu des propos ouvertement génocidaires, renforçant les soupçons pesant contre lui. Ces éléments, s'ils sont confirmés, pourraient aggraver les charges déjà lourdes qui lui sont reprochées.
Malgré l'ampleur des accusations, l'avocat d'Alphonse K. conteste fermement les faits. Il affirme que son client « n’a jamais eu cette attitude et il n’a jamais tenu les propos qui lui sont imputés ». Pour la défense, il s'agirait d'une erreur judiciaire basée sur des témoignages imprécis et des accusations sans fondement solide. La stratégie semble se diriger vers la démonstration de l'absence d'implication directe de l'accusé dans les événements évoqués.
Alors que l'instruction se poursuit, cette affaire vient rappeler les défis auxquels sont confrontées les juridictions françaises dans le traitement des dossiers liés au génocide rwandais. Les audiences à venir devraient permettre de faire la lumière sur le rôle exact d'Alphonse K. et d'apporter des éléments déterminants quant à sa responsabilité dans ces crimes d'une gravité exceptionnelle.