L’opération de Délimitation des territoires villageois (DTV), à l’actif de l’Agence foncière rurale (AFOR) dans le département de Niakara, suscite des tensions dans des localités sous-préfectorales de Niakara et Arikokaha après son lancement à la mi-avril 2019 pour une durée de deux ans, a appris l’AIP, lundi.
Dans la sous-préfecture de Arikokaha, la DTV ravive les tensions entre les villages de Nangoniékaha, Badiokaha, Niangbo et Arikokaha (le chef-lieu), impliquant même Kanawolo, une localité de la sous-préfecture de Niakara. Des bourgades voisines, au Nord de la ville de Niakara, dans le département éponyme.
“Chaque village conteste avec véhémence les limites de son voisin avec à la clé, des revendications à tue-tête de telle ou telle autre portion de terre. Et il convient de faire extrêmement attention car le feu couve et la tension est palpable dans les causeries”, a soutenu un enseignant à Arikokaha.
Ce constat est similaire au Sud de la ville Niakara, entre les villages de Pêkaha, Ouéréguékaha et Kafiné, une zone de la sous-préfecture de Niakara où les deux premières localités citées “nient catégoriquement l’existence territoriale de la dernière, à savoir Kafiné”.
“Kafiné n’a jamais eu de terre puisque c’est nous qui l’avons installé ici et eux-mêmes le savent”, martèle-t-on à Pêkaha et à Ouéréguékaha.
Le sous-préfet de Niakara, Achille Assi Adiahou, présidant lundi à Timorokaha une cérémonie de remise de cadeaux aux femmes en prélude à la fête des mères, est longuement revenu sur ce problème foncier et “ces obstacles inutiles qui retardent l’opération”.
M. Assi a invité, avec insistance, les chefs de village, particulièrement ceux des localités mises en cause, à la retenue, à la raison et à la cohésion, déclinant l’objectif clé de la DTV mise en œuvre par l’AFOR, une initiative de l’État ivoirien.
“La délimitation du territoire des villages, une opération purement administrative, n’a rien à voir avec la limitation des terroirs ou des richesses des villages. L’État de Côte d’Ivoire veut juste connaître successivement, au terme de cette opération, d’abord les limites des villages, celles des sous-préfectures et communes, des départements et enfin celles des régions”, a précisé l’administrateur civil, invitant ses collaborateurs à l’apaisement, à la cohésion et à l’entente.
Lancée le 16 avril 2019, pour une durée de 24 mois, dans le département de Niakara, la DTV, pilotée par l’AFOR, connaît quelques obstacles dans sa mise en œuvre optimale et ce, dans certaines zones de cette circonscription administrative de la région du Hambol (Katiola), avec pour résultat seulement “trois villages délimités sur un total de 51 localités concernées”, selon une source administrative proche du dossier qui évoque un retard criant dû à des raisons diverses.
En effet, non seulement du fait de la non association de l’administration forestière (SODEFOR et OIPR) à cette opération, le département de Niakara abritant de vastes forêts classées et la réserve de faune et de flore du Haut-Bandama, mais aussi et surtout à cause de la non implication des cadres et élus locaux dans la sensibilisation accrue des populations locales sur le bien-fondé de cette initiative étatique, a-t-on relevé sur place.
AIP