Depuis plus d’une décennie, les espaces verts se font de plus en plus rares dans le District d’Abidjan. Biologistes, géographes, autorités et défenseurs de l’environnement s’inquiètent de l’absence totale d’espaces végétalisés dans les nouveaux quartiers résidentiels. Ils craignent le développement d’une ville, « sans un poumon vert », inanimée, stressante, enfermante et enlaidie par la course au béton.
Pour ce faire, les autorités ivoiriennes et particulièrement les mairies ont décidé de reconquérir les espaces verts dans l’optique de préserver notre environnement d’une extrême nécessité pour les populations.
Grand carrefour métamorphosé
Après le déguerpissement de la gare de transport au grand carrefour de Koumassi, il y a quelques années, ce carrefour est aujourd’hui métamorphosé. Il est devenu une attraction pour les riverains, les communautés étrangères, les prometteurs d’évènements, les touristes etc. Et ce, grâce à la politique de réhabilitation et de reconquête d’espaces verts entreprise par les autorités locales.
A ce carrefour, les premières choses qui attirent l’attention, ce sont l’emblème national, une fontaine lumineuse avec des verdures couronnant le site et des pavés, le tout dans un décor aux allures d’un parc public.
À côté, l’on observe un grand bâtiment surplombant l’espace qui se fond dans le décor avec principalement les couleurs nationales dont l’esplanade est composée de verdures pour respecter le style écologique que s’est assigné le maire Cissé Bacongo.
Dans plusieurs communes, notamment Treichville, certains espaces verts transformés en parking auto ou endroit de séchage de linges, reprennent goût à la vie. En témoigne l’aménagement de l’espace vert de la berge lagunaire au niveau du Pont De Gaulle permettant à la municipalité d’avoir un cadre agréable accompagné d’une phrase en lettres lumineuses “J’aime Treichville”.
« Cet espace va être un lieu où les populations viendront se recréer et profiter du bon temps », précise Raux-Yao N’Guessan Olivier, chef de Bureau Service Hygiène et Environnement de la mairie de Treichville.
Aménagement écologique au bord de la mer
A Gonzagueville, dans la commune de Port-Bouët, les habitations côté plage ont fait place à un aménagement écologique au bord de la mer. Du sable de plage ont poussé plusieurs fleurs et espaces de repos ou de loisirs.
Dans les années 2000, en effet, les habitations des quartiers Mobiboua, Adjouffou, Mosquée, Casier ont subi une démolition dans cette commune aéroportuaire d’Abidjan. L’objectif visait l’aménager de 10 kilomètres de plage en un joyau architectural.
Débutée en avril 2018, la construction du nouveau site d’attraction s'étend sur une distance allant du carrefour aéroport jusqu’à Gonzagueville.
« Dans nos quartiers de l’autre côté du goudron, nous n’avions pas de jardins, il y a la chaleur en abondance. Mais grâce au projet d’aménagement nous aurons droit à un espace public neuf qui fera la beauté de notre commune », a affirmé Koné Abdoulaye, professeur au Collège les Cartésiens de ladite commune.
Ce site présente des espaces verts sur tout le long de la plage, mais aussi des passages bitumés. Il est également accompagné d’un certain nombre d’infrastructures entre autres, des espaces de restauration (Fast food, cafés, buvettes, restaurants du monde…), des espaces de loisirs et de sports ( volley-ball, basket-ball, skateboard…) et un espace plein air de détente.
Pour préserver ce joyau écologique, des dispositifs sécuritaires ont été mis en place, afin d’éviter tout piétinement de le verdure par les visiteurs.
«Nous entretenons chaque jour cet espace pour préserver sa beauté, il est immense donc nous avons un groupe de personnes qui, chaque matin et soir, sont-là pour l’entretien. La société Ecotisa nous vient aussi en aide », a confié, Kouassi Emmanuel, chef de service environnement de la structure....
De son côté, Nadège Yao, gérante de maquis, s’estime heureuse et impatiente de voir ce projet d’une telle envergure prendre fin. « Nous sommes impatientes que ces travaux finissent, car avec cet espace nous pouvons faire du sport les week-ends et aussi profiter de l’air frais », se réjouit-elle.
Financé par l’État ivoirien d’un investissement estimé à 6,7 milliards de F CFA, ce projet a été conçu par le cabinet Atelier d’architecture d’Abidjan (3A) et exécuté par l’entreprise ivoirienne de BTP et de génie civil, Ekacico.