L’actualité politico-judiciaire de la Côte d’Ivoire vient de d’enregistrer un nouveau sujet d’intérêt. Le procureur de la République, Adou Richard, lors d’une conférence de presse tenue le mardi 05 mai 2020 à son parquet a annoncé l’arrestation de 19 personnes dans le cadre de la procédure contre M. Guillaume Soro, ancien Premier Ministre et ancien Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, accusé de tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat.
L’annonce intervient pratiquement une semaine après sa condamnation par contumace à 20 ans d’emprisonnement ferme et à diverses autres privations et amendes pour détournement de deniers publics.
Déjà sous le coup d’un mandat d’arrêt international, cette condamnation confirme ainsi les démêlés judiciaires de l’ancien chef de la rébellion, le contraignant plus que jamais à se tenir à bonne distance des tribunaux ivoiriens. Cette autre procédure ne l’en dissuadera pas moins. Bien au contraire.
Pour avoir dirigé et revendiqué la paternité d’une rébellion armée, l’accusation de tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat n’émeut que très peu à son sujet. Par contre, le timing de cette conférence vient rompre une actualité politique marquée depuis le lundi 04 mai par l’absence du territoire du 1er Ministre ivoirien, officiellement pour un « contrôle médical » en France, un des pays européens gravement affectés par la pandémie du covid-19. Or, la fragilité de l’état de santé de monsieur Amadou Gon Coulibaly est un secret de polichinelle.
Ce départ subit, en début de semaine, alimente depuis lors la toile et fait les gros choux des journaux. Les réactions vont des plus sincères au plus sarcastiques. Dans une cinglante amabilité, monsieur Guillaume Soro s’est même montré préoccupé par l’état de santé de son adversaire politique, tous deux étant pour l’heure les seuls candidats déclarés à la présidentielle de 2020.
Le rebondissement dans la procédure judiciaire contre lui pourrait réussir un coup médiatique : proposer un autre sujet d’intérêt afin de réorienter les débats. Le 1er Ministre ivoirien pourrait alors observer en toute quiétude le « repos de quelques semaines » que lui a recommandé son médecin.
Hyacinthe KOUAKOU