Le 6 avril dernier, les Ivoiriens faisaient face à une modification des coûts de l’internet sur les trois réseaux leaders du pays. Une augmentation qui a suscité plusieurs réactions de la part des internautes dont les plus influents sont le député-maire Assalé Tiémoko, Jean Bonin Président du FER et le journaliste Andre Sylver Konan. Ils ont tous appelé au boycott de ces trois réseaux de téléphonie mobile, et ce, malgré le communiqué de l’ARTCI de MTN-CI et de Moov-CI.
La grogne s’amplifie chaque jour avec des appels à sit-in et des marches pacifiques annoncées dans les jours à venir. Mais l’internet est-il réellement cher en Côte d’Ivoire que dans les pays de la sous-région ? Les sociétés de téléphonie mobile, ne respectent-elles pas la loi en Côte d’Ivoire ? Les entreprises, font -elles des profils exorbitants sur le dos des consommateurs ? Ce sont autant de questions que nous avons essayé de répondre en nous approchant de ces opérateurs qui se sont montrés ouverts sur nos préoccupations.
Depuis le début les revendications des consommateurs sont connues. Elles seront donc résumées afin de mieux comprendre tous les contours de cette affaire.
Les consommateurs selon des informations prises çà et là estiment que les nouveaux prix de l’internet sont chers qui constitue un frein à l’éducation parce que les étudiants comme ceux de l’université virtuelle ne pourront plus y avoir droit. D’autres également avancent une autre théorie comme quoi ces coûts sont dus au fait que le gouvernement Ivorien aurait augmenté le prix pour soutenir le développement de la 5e génération de l’internet estimé à environ 100 milliards de FCFA. Il est aussi reproché aux opérateurs de fait des profits exorbitants en plus d’être des multinationales à la charge des étrangers. Et également, le manque de respect vis-à-vis des Ivoiriens pour manque de communiqué et le tout couronné du non-respect des lois dictées par le régulateur ARTCI. Outre, tout ce qui est cité dessus, les plaintes des internautes sont aussi relatives au temps mis pour annuler les opérations qui venaient d'être réalisées dans l’application des nouveaux tarifs de la data.
En dépit de toutes ces revendications, et grâce aux données et informations fournies par les opérateurs, une analyse des griefs des consommateurs a été faite un à un par la rédaction.
Concernant le grief sur la comparaison du coût des data entre la Côte d’Ivoire et certains pays de la sous-région, les consommateurs estiment que l’Internet et beaucoup plus cher en Côte d’Ivoire que dans ces pays. Selon les données, il apparaît que cette information est totalement fausse. Une approche comparative avec les pays comme le Sénégal, le Mali et le Cameroun en est pour preuve, pourrait montrer que le coût de l’internet en Côte d’Ivoire reste compétitif. Un cas pratique très simple sur le Sénégal. Dans le pays de la Téranga, 25Mo coûtent 100f, c’est-à-dire, 4f le Mo. Toujours au Sénégal 50f= 15Mo (3,33f /Mo) chez Orage et 30Mo chez Free (1,6/Mo), 250 coûtent 500f, et pour l’offre à 1,2Go, la tarification moyenne est à 1,4f par Mo.
Au vu de ces données il est clairement évident que pour les forfaits les plus utilisés, la Côte d’Ivoire est moins chère que le Sénégal et certains pays de la sous-région. Il serait donc judicieux de ne pas prendre juste des forfaits ou une promotion isolée, car en regardant de plus près, il est clair que dans ces pays, les clients à faibles revenus paient plus cher le mégaoctet que ceux à forts revenus. Ce qui n’est pas le cas en Côte d’Ivoire.
Les sociétés de téléphonie mobile ne respectent pas les lois ?
Sur ce mécontentement des Ivoiriens, la rédaction a appris des sources introduites sur la question que pour cette crise le Premier ministre Patrick Achi a lors des échanges demandés de prendre le temps nécessaire afin de procéder à l’annulation des opérations réalisées dans le cadre des nouveaux tarifs.
« Nous avons après implémentation de Moov, demandé à l’ARTCI l’autorisation de revenir aux anciens prix. En réponse, nous avons été conviés à une autre réunion le vendredi 14 avril 2023 », fait savoir un cadre chez un opérateur avant donner plus d’explications sur ce retard. Selon lui, la taille importante des offres empêche d’exécuter un roll back immédiatement. « Il nous faut un délai de 2 à 3 semaines pour garantir la qualité et la conservation des avantages. Nous attendons le retour de l’ARTCI, le mercredi 19 avril, afin d’exécuter notre roll back », a-t-il dit.
On peut ainsi comprendre mieux que les choses ne sont pas assez aisées du côté des opérateurs et qu’il faut du temps pour faire un travail professionnel compte tenu de tous ces changements qui a eu lieu.
Les entreprises de téléphonies, font-elles des bénéfices exorbitants sur le dos des consommateurs ?
Lorsqu’on fait référence au nombre d’abonnés de ces opérateurs, on peut aisément déduire qu’ils réalisent des profits exorbitants. Pourtant, la réalité est tout autre. En effet, selon les responsables du secteur, le taux de profit est inférieur aux taux d’investissements. Pour un profit de 10%, ils font un investissement de 15% en moyenne. Prenons le cas de MTN-CI qui nous donne plus de détails sur le sujet, selon le responsable, l’entreprise a investi plus de 65 milliards de FCFA EN 2022 contre un bénéfice de 24 milliards FCFA
« Notre secteur est le seul où nous investissons continuellement, car la base d’abonnés augmente ; les zones de couverture aussi, on peut citer comme le renouvellement des équipements, l’extension continue du réseau, les nouvelles technologies », a dit un cadre du secteur avant de continuer avec plus de détails sur les coûts et bénéfice dans le secteur de la téléphonie mobile en Côte d’Ivoire.
« Sur 100F, 8F sont pour le circuit de distribution, 20% pour la TVA, 14F pour les taxes réglementaires +30% du profit avant taxe payé à l’État. Pour les autres secteurs sont à 25% du profit avant taxe payé à l’État », a-t-il terminé.
Un soutien fort pour les actions sociales et citoyennes
Les acteurs du secteur constituent un soutien fort pour les actions sociales et citoyennes réalisées. Pour preuve, l’un des opérateurs a investi plus de 2 milliards dans la culture et le sport, sans compter les plus de 250.000 emplois directs et indirects. Des actions qui contredisent l’argument selon lequel les sociétés de téléphonie sont des multinationales à la solde de l’étranger, selon un responsable qui a voulu rester dans l’anonymat.
En se basant sur les deux grands de domaine notamment MTN et Orange, les responsables font savoir ces deux sociétés sont dirigées par des Ivoiriens en majorité 20% de leur bénéfice servent chaque année à la souscription aux bons du trésor, avant même le paiement des dividendes (prêts à l’Etat). De plus, la fondation MTN soutient significativement les communautés ivoiriennes. En effet, depuis maintenant 10 ans, c’est près de 8 milliards FCFA investis dans l’autonomisation des jeunes et des femmes.
« Nous avons installé près de 200 salles multimédias en Côte d’Ivoire, des milliers de jeunes ont été formés au métier du numérique dont plusieurs sont à leur propre compte ou travaillent pour le compte d’entreprise », soutient un responsable de la maison jaune.
MTN une entreprise responsable selon ses responsables
Selon plusieurs responsable de l’entreprise est une société responsale et ne saurait aller à l’encontre des lois en vigueur.
« Depuis un an, nous avons été consultés ainsi que d’autres groupements notamment les associations de consommateurs avant la mise en œuvre de cette décision (…), il était logique d’expliquer tout cela aux Ivoiriens avant l’exécution de ce changement sectoriel et nous pensions que les opérateurs n’avaient pas par la légitimité pour conduire la communication générale. », a-t-il dit avant de terminer pour dire « Nous sommes à cheval sur le respect des autorités. De façon générale, nous sommes très conformes et respectueux des directives étatiques et gouvernementales. Il y a quelques années, on a été obligé de perdre près de 2 millions d’abonnés de la CEDEAO car leur identifications n’étaient pas conforme à la réglementation en vigueur ».