
Abidjan, le mardi 22 juillet 2025(ivoire.ci)-La récente envolée des cours du cacao sur les places boursières de New York (+4,56 %) et de Londres (+3,80 %) le lundi 21 juillet 2025 n’est que la partie visible d’un malaise plus profond. Si les marchés s’emballent face à la chute des exportations ivoiriennes, cette situation met en lumière les limites d’un système encore trop dépendant de facteurs conjoncturels et peu préparé aux défis structurels.
Depuis trois mois, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, voit ses expéditions de fèves reculer. Au-delà des spéculations, les causes sont bien réelles?: pluies perturbatrices, ports congestionnés, grèves partielles et fatigue croissante dans le monde paysan.
La baisse de production et les difficultés logistiques soulignent une réalité préoccupante : le modèle ivoirien, centré sur l’exportation brute de cacao, montre des signes d’essoufflement. Les planteurs, maillon essentiel de la chaîne, affrontent une triple crise?: hausse des coûts de production, précarité foncière, et attentes non satisfaites en matière de soutien institutionnel. Les promesses de revalorisation tardent à se concrétiser sur le terrain, nourrissant une démobilisation lente mais continue dans les zones rurales.
Pour les analystes, cette tension actuelle sur les marchés pourrait certes générer des recettes fiscales supplémentaires à court terme. Mais elle ne doit pas masquer l’urgence d’un repositionnement stratégique. Car la pression de la demande mondiale notamment européenne et asiatique risque de s’accentuer, dans un contexte de changements climatiques et de montée des exigences environnementales.
Il devient crucial pour la Côte d’Ivoire d’investir massivement dans la transformation locale, afin de mieux capter la valeur ajoutée. Le soutien aux coopératives, la modernisation des infrastructures logistiques, et une réelle politique d’incitation aux pratiques durables sont également indispensables pour stabiliser la filière.
La hausse des prix actuels peut être une aubaine, mais elle est aussi un signal d’alarme. Une opportunité pour repenser en profondeur le devenir du cacao ivoirien, afin de sortir d’une logique de dépendance et d’assurer une résilience durable pour les producteurs et pour l’économie nationale.