Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) vient, par l’entremise de ses instances statutaires de désigner son président Henri Konan Bédié pour candidater à l’investiture de la convention en vue de la présidentielle d’octobre 2020.
Un scénario pensé, écrit et savamment mis en œuvre qui dénote en réalité de manœuvres visant à faire de HBK l’unique candidat de ce parti. Le reste relevant purement du folklore. Le slogan qui a sous-tendu cette démarche et qui assurément s’annonce comme la ligne de défense ou de propagande lors de la prochaine campagne tient en deux mots : « expérience et sagesse» Ce slogan peut être perçu comme un acte de félonie des organes de ce parti qui quatre années auparavant prônaient une vision différente.
En effet, lors de la commémoration de ses 7O ans d’existence en avril 2016 le thème «70 ans du PDCI-RDA, rassemblement et renaissance» avait été promu pour apporter une réponse à la querelle entre conservateurs et rénovateurs.Le ton semblait ainsi avait été donné pour un passage de témoin.
S’en est suivie une vaste migration marquée principalement par la promotion de nouveaux cadres dont Jean Louis Billon qui apparaissait comme la figure de proue. Or, quel constat aujourd’hui ? La désignation d’un octogénaire qui marque la vie politique ivoirienne depuis plus de trente ans est une totale remise en cause de la vision à peine prônée, un revirement inattendu. Ce choix, somme toute légitime, semble de ce fait illogique, contradictoire et donc sidérant.
Au RHDP, l’on ne manque pas d’épithètes pour qualifier cette désignation. Le propos va des railleries acerbes aux métaphores les plus incisives. En cause, moins le passé que l’âge qui semble rimer avec la dégénérescence des facultés physiques et intellectuelles. Ce qui prédisposerait plus à l’inaction qu’à la lucidité.
Seulement, le RHDP est-il fondé à faire ces critiques ? Sa responsabilité n’est - elle pas entière dans cette tendance à établir et à pérenniser le règne de la gérontocratie au sommet de l’Etat ? En organisant unilatéralement une révision constitutionnelle en 2016, il a instauré une Vice-présidence superflue et … lever le verrou de l’âge à l’éligibilité.
Dès lors, toutes les ambitions pouvaient être dépoussiérées. La dernière révision de 2020 n’a pas non plus été mieux inspirée parce que portée par des calculs mesquins. Finalement, l’on se retrouve en plein anachronisme avec des appétits insatisfaits dans un Etat où à 50 ans révolus, on finit par se convaincre que l’on est encore jeune.
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Hyacinthe KOUAKOU