A l’orée de la rentrée scolaire 2022 – 2023, nous adressons nos sincères remerciements à tous les personnels du secteur éducation-formation avec à leur tête les ministres ainsi que tous les acteurs de notre système éducatif de leurs efforts incessants en vue de donner une formation et une éducation qualitatives aux apprenants.
En outre, nous les exhortons vivement au respect scrupuleux de la liberté de religion et au droit à l’éducation des apprenants ainsi qu’au respect de leur intégrité physique. En effet, certaines années antérieures, des enseignants, enseignantes, des éducateurs, éducatrices ou chefs d’établissement ont exclu des apprenants des activités d’apprentissage pour raison de port de voile ou de barbe ou de cheveux. Des apprenantes ont même été interdites d’accéder à leurs centres d’examen au prétexte qu’elles portent le voile.
Ces actes liberticides parfois accompagnés d’injures et d’agressions physiques dont les auteurs allèguent la laïcité comme justification sont :
- Hautement attentatoires à la liberté de religion reconnue par la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 en son article 18 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites » et par la constitution ivoirienne de 2016 en son article 19: « La liberté de pensée et la liberté d’expression, notamment la liberté de conscience, d’opinion philosophique et de conviction religieuse ou de culte sont garanties à tous. Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses idées. Ces libertés s’exercent sous la réserve du respect de la loi, des droits d’autrui, de la sécurité nationale et de l’ordre public ». Or aucune loi, en Côte d’Ivoire, n’interdit le port du voile et de la barbe ni ne contraint les filles à se couper les cheveux. S’il en existait, celle-ci ne serait que manifestement anticonstitutionnelle ;
- Constituent une violation flagrante du droit des victimes à l’éducation consacré par la constitution au terme de son article 9 : « Toute personne a droit à l'éducation et à la formation professionnelle » ;
- Remettent en cause le principe d’égalité consacré par la loi de 1995 n° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l’enseignement : « L’égalité impose la non-discrimination entre les usagers, quels que soient leur race, leur sexe, leurs opinions politiques, philosophiques, religieuses et leur origine sociale, culturelle ou géographique. » Article 2 ;
- Violent sciemment l’arrêté n° 0111 /MENET/CAB du 24 décembre 2014 portant code de conduite des personnels des structures publiques et privées relevant du ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement technique : « Tout membre des personnels des structures publiques et privées relevant du ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement technique doit traiter l’élève avec respect ; respecter l’intégrité physique et morale de l’élève en toute circonstance ». Article 4, alinéas 1 et 2. Les alinéas 6 et 7 de l’article 5 interdisent « toute forme de discrimination notamment celles basée sur l’ethnie, la religion, la race, la situation sociale, le genre et /ou le handicap de l’élève » et « toute forme de propos à caractère insultant, humiliant, discriminatoire ou raciste à l’endroit de l’élève ».
- Aussi, cette interdiction du port du voile n’est-elle inscrite nulle part sur la convocation adressée aux candidats. Même si elle y figurait, elle serait dépourvue de toute valeur en raison de son inconstitutionnalité.
- La violation délibérée de ces liberté et droit aussi inaliénables que fondamentaux constitue incontestablement un péril manifeste pour la paix et la cohésion sociale.
Nous savons compter sur le sens du civisme et de la responsabilité des personnels du secteur éducation-formation.
Excellente rentrée scolaire à tous et qu’Allah bénisse notre école pour le bien-être de tous.
Pour Al Mouwahhidoun
L’Amir Alipha Muhammad DIOMANDE