
Abidjan, vendredi 14 février 2025( ivoire.ci)-Le 43e Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA) française, situé à Port-Bouët, à Abidjan Sud, est actuellement au cœur d’une transformation majeure en prélude à sa rétrocession imminente aux Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI), a constaté l’AIP, mardi 11 février 2025.
Ce camp, symbole fort de la présence militaire française en Côte d’Ivoire, sera rebaptisé en l’honneur du général Ouattara Thomas d’Aquin, militaire au parcours exceptionnel et premier chef d’état-major des Forces armées ivoiriennes. Ce changement de dénomination interviendra lors d’une cérémonie solennelle prévue dans les prochains jours.
Accélération des travaux pour l’installation durable des FACI
Une superficie totale de 232 hectares sera rétrocédée aux FACI. Le site comprendra une zone de vie de grande capacité, des infrastructures techniques et opérationnelles, ainsi que des installations dédiées à l’instruction et à l’entraînement des troupes. Un périphérique de cinq kilomètres, destiné à la pratique du sport en autonomie, entourera l’ensemble.
Sur place, les hommes du 1er Bataillon du génie, basé à Bouaké, sont à pied d’œuvre pour donner à ce site une nouvelle identité. Parmi les travaux réalisés figurent le pavoisement des miradors aux couleurs nationales, l’aménagement d’un portique de huit mètres de haut pour faciliter l’accès des matériels de grand gabarit, ainsi que la transformation de la place d’armes et du poste de commandement.
“En prélude à la cérémonie de rétrocession du 43e BIMA aux FACI, nous avons reçu deux missions principales. La première est de transformer l’identité visuelle de la caserne aux couleurs ivoiriennes (orange, blanc, vert). La seconde est d’aménager les infrastructures pour permettre aux troupes de s’installer durablement dans des conditions optimales. », a expliqué le lieutenant-colonel Koffi Roméo, commandant en second du 1er Bataillon du génie.
Arrivés sur le site le 10 janvier sur instruction du chef d’état-major général des armées, le général de corps d’armée Lassina Doumbia, les soldats ont déjà procédé au ravalement de façades, à la réhabilitation d’infrastructures sanitaires et à l’aménagement de dortoirs.
« Nous avons également repeint les miradors, essentiels à la sécurisation périphérique de la caserne, aux couleurs nationales », a ajouté le lieutenant-colonel Koffi Roméo.
Un portique symbolique pour l’entrée principale
À l’entrée principale de la caserne, un portique de 19 mètres de longueur et 8,60 mètres de hauteur a été construit pour permettre l’accès sécurisé des engins militaires.
« Ce portique portera les inscriptions suivantes : “République de Côte d’Ivoire / Ministère d’État, ministère de la Défense / État-Major Général des Armées / Camp militaire du Général de corps d’armée Ouattara Thomas d’Aquin” », a précisé le lieutenant-colonel.
Un processus historique en cours
Le 43e BIMA, qui verra bientôt le drapeau ivoirien seul hissé sur son mât, achève ainsi un processus entamé en avril 2023, conformément aux directives du président de la République, Alassane Ouattara, chef suprême des armées, dans son discours à la Nation du 31 décembre 2024.
Depuis le 20 janvier 2025, une centaine de soldats du 1er Bataillon de commandos et de parachutistes (1er BCP) sont installés dans la caserne, aux côtés des auditeurs du premier cours des futurs commandants d’unité, spécialistes en systèmes d’information et de communication.
Le quotidien de ces troupes précurseurs est rythmé par des activités d’instruction, de cohésion, d’entretien du matériel et d’aménagement de la zone de vie. Des renforcements capacitaires en liaison radio sol-air et en conduite de séances de tir tactique sont également dispensés, sous la direction conjointe de militaires ivoiriens et français.
Une coopération militaire renforcée
En 2024, au total 69 actions de partenariat (AP) ont permis de former plus de 3 000 soldats des FACI dans des domaines spécialisés. Pour 2025, quelque 63 AP sont prévues, témoignant de la volonté des deux pays de maintenir une coopération opérationnelle forte, axée sur des entraînements mutuels et des exercices conjoints.
« C’est un moment historique dans une relation mature entre deux pays partageant une histoire et une culture communes. Bien que ce soit un pincement au cœur pour les soldats français, cette transition se déroule dans des conditions exemplaires, en cohérence avec la maturité de notre partenariat », a souligné le colonel Damien Mireval, attaché de défense de la France en Côte d’Ivoire.
La cérémonie officielle de rétrocession du 43e BIMA aux FACI se tiendra le 20 février en présence du ministre d’État, ministre de la Défense ivoirien, Téné Birahima Ouattara, et de son homologue français, Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Cet événement marquera une étape clé vers l’autonomie stratégique des FACI, un objectif fondamental pour toute armée moderne.
Si la rétrocession du 43e BIMA symbolise un tournant dans les relations militaires franco-ivoiriennes, elle n’en marque pas la fin. Selon une source sécuritaire, de nouvelles formes de partenariat, plus agiles et adaptées aux défis actuels, seront mises en place.
Un héritage et un avenir prometteurs
Créé en juillet 1978, le 43e BIMA a été dissous en 2009 avant d’être recréé en 2015 dans le cadre des forces françaises en Côte d’Ivoire. Sa rétrocession aux FACI s’inscrit dans le cadre du réaménagement du dispositif militaire français en Afrique, tout en renforçant les capacités de défense ivoiriennes.
Contrairement à d’autres pays comme le Tchad ou le Sénégal, la Côte d’Ivoire maintient des relations solides avec la France, ouvrant la voie à une coopération militaire renouvelée et prometteuse.
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Avec AIP